Algérie-France : la nouvelle crise qui ravive les braises d’une relation explosive

par Africadev
A+A-
Réinitialiser

Les relations entre l’Algérie et la France traversent une nouvelle zone de turbulences, marquée par une série d’incidents diplomatiques et politiques qui font ressurgir les vieux démons d’une histoire commune tourmentée. Entre enlèvement d’opposant, expulsions massives de diplomates et divergences stratégiques, la tension n’a jamais été aussi vive depuis des décennies.

L’affaire Amir DZ : l’étincelle qui a mis le feu aux poudres

Tout a basculé en avril 2024, lorsque trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire, sont arrêtés en France, soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement d’Amir Boukhors, alias « Amir DZ », un influenceur et farouche opposant au régime d’Alger. Pour les autorités algériennes, cette arrestation est une provocation et une violation de l’immunité diplomatique. La riposte ne tarde pas : Alger expulse douze agents consulaires français, un geste d’une ampleur inédite depuis l’indépendance de 1962. Le message est clair : l’Algérie ne tolérera aucune ingérence sur son sol, ni sur celui de ses ressortissants.

Un été 2024 sous haute tension

Mais cette crise n’est que le point culminant d’une détérioration progressive des relations. Dès juillet 2024, Emmanuel Macron prend position en faveur du plan d’autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine, un sujet explosif pour Alger, soutien indéfectible du Front Polisario. Cette prise de position est vécue comme une trahison stratégique. Résultat : l’Algérie réduit drastiquement ses échanges commerciaux avec la France et gèle plusieurs coopérations sécuritaires et administratives.

Une avalanche de contentieux

La liste des différends ne cesse de s’allonger :

  • Paris accuse Alger de refuser le retour de ses ressortissants expulsés, tandis qu’Alger dénonce le harcèlement de ses diplomates en France.
  • L’incarcération de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien de 80 ans, pour « atteinte à l’unité nationale », provoque l’indignation à Paris et des appels à sa libération.
  • Les entreprises françaises subissent de nouvelles mesures administratives, entraînant une chute de 30 % des échanges commerciaux depuis l’été 2024.

Un climat politique sous pression

Des deux côtés de la Méditerranée, le climat politique s’envenime. En France, la montée de la droite et de l’extrême droite, incarnée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, durcit le discours sur l’immigration et l’Algérie, attisant la colère d’Alger. De son côté, le pouvoir algérien instrumentalise l’anti-fran­cisme pour renforcer sa légitimité et détourner l’attention des difficultés économiques et sociales internes.

Des tentatives de réconciliation vite avortées

Fin mars 2025, un timide espoir de détente apparaît : un appel entre Macron et Tebboune, suivi d’une visite du chef de la diplomatie française à Alger. Mais la crise rebondit brutalement avec l’expulsion des diplomates français, preuve de la fragilité et de la cyclicité d’une relation où la méfiance l’emporte toujours sur la confiance.

Un enchevêtrement explosif

Au final, la nouvelle tension entre l’Algérie et la France est le fruit d’un enchevêtrement d’incidents judiciaires, de divergences stratégiques – notamment sur le Sahara occidental –, de contentieux migratoires et d’une instrumentalisation politique de part et d’autre. Le tout sur fond de rivalités régionales exacerbées et d’une histoire jamais vraiment apaisée.

Entre Paris et Alger, la crise n’est jamais loin. Et chaque incident, chaque mot de trop, suffit à rallumer la mèche d’un baril de poudre diplomatique.

La rédaction

À lire ensuite

Laisser un avis

-
00:00
00:00
Update Required Flash plugin
-
00:00
00:00