Niger : Dissolution des syndicats paramilitaires, une décision issue des assises nationales

par Africadev
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Le gouvernement nigérien a frappé fort. Mardi dernier, trois syndicats représentant des forces paramilitaires ont été dissous par arrêté ministériel. Une décision qui s’inscrit dans le cadre des recommandations de la Charte de la Refondation, adoptée après les assises nationales de février 2024. Ce texte, devenu la constitution provisoire du pays depuis le coup d’État de juillet 2023, interdit formellement aux militaires et forces de sécurité de se syndiquer. Une mesure qui suscite autant d’interrogations que de réactions.

La Charte de la Refondation : un texte qui redéfinit les règles

Au Niger, la Charte de la Refondation est bien plus qu’un document juridique : c’est le socle sur lequel repose l’actuelle transition politique qui constitue en elle-même une refondation profonde de l’Etat. Issue des assises nationales ayant réuni acteurs sociaux, religieux et technocrates, elle fixe les nouvelles orientations du pays. L’article 39 de cette charte est sans équivoque : « Les syndicats des forces de défense et de sécurité sont interdits. » Cette disposition marque un tournant majeur dans l’organisation des forces paramilitaires nigériennes.

Trois syndicats dans le viseur

La dissolution a été officialisée par un arrêté signé le 8 avril par le Général Mohamed Toumba, Ministre de l’Intérieur. Les syndicats concernés sont :

. Le Syndicat national des agents des Douanes ( SNAD)

  • Le Syndicat national des agents des cadres des eaux et forêts (SYNACEF).
  • Le Syndicat national des travailleurs des eaux et forêts (SNATEF).

Ces organisations, qui représentaient les intérêts des agents impliqués dans la gestion forestière et la lutte contre les trafics, ne sont désormais plus autorisées à fonctionner.

Un contexte sécuritaire tendu

Cette décision intervient alors que le Niger fait face à une situation sécuritaire particulièrement complexe. Le pays est régulièrement ciblé par des attaques de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Dans ce climat d’instabilité, l’armée et les forces paramilitaires jouent un rôle crucial sur plusieurs fronts : protection des frontières, lutte contre les trafics illégaux, et sécurisation des zones sensibles.

Les agents des douanes et ceux des eaux et forêts, directement touchés par cette dissolution, sont également impliqués dans ces opérations stratégiques. Le Maintien de leurs syndicats soulève donc des questions sur leur capacité à s’impliquer correctement dans la lutte qui est en cours dans le pays en rapport avec la refondation

Une mesure qui fait débat.

Si certains voient dans cette décision une manière de renforcer la discipline au sein des forces paramilitaires, d’autres y perçoivent une atteinte aux droits fondamentaux des travailleurs. La dissolution des syndicats pourrait entraîner un sentiment d’injustice parmi les agents concernés, à un moment où leur mobilisation est essentielle pour garantir la sécurité du pays.

Quelles conséquences pour l’avenir ?

Le gouvernement nigérien affiche une   détermination à appliquer les principes de la Charte de la Refondation à la lettre forces vu que le pays lutte contre une menace djihadiste persistante.

Le Niger se trouve à un carrefour historique où chaque choix politique peut avoir un impact durable. La dissolution des syndicats paramilitaires est-elle une nécessité stratégique ? L’avenir nous dira.

Adjouavi Domingnon

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